Les joueuses de l'équipe nationale du Canada menacent de faire grève... Rien avoir avec certains Français: les footballeuses se rangent derrière leur coach et réclament plus d'équité par rapport à leurs collègues masculins. Il semble qu'à l'origine, l'entraîneuse de l'équipe ait décidé de démissionner à la fin de la coupe du Monde (en juillet prochain) si elle n'obtient pas un meilleur contrôle du budget alloué à son équipe. De plus, étant amateures, les joueuses ont du mal à être correctement indemnisées pour pouvoir se consacrer pleinement à leur sport. Un article ici. Et un autre ici.
Cette "rebellion" soulève des question extrêmement intéressantes.
Si dans le football il semble encore impensable de réclamer une quelconque égalité salariale, celle-ci se pratique par exemple dans le handball français avec le succès que l'on sait . Les revendications des Canadiennes pourraient bien créer un précédent, même si elles réclament une égalité de traitement plutôt qu'une réelle égalité salariale. Ce qui permet de poser la question clairement: pourquoi traiter l'équipe féminine comme une sous-équipe?
Les joueuses font valoir le fait qu'elles sont 9e au classement FIFA féminin mondial, les hommes étant 80e de leur côté. La concurrence est bien plus rude chez les hommes, il n'est pas question de remettre ceci en cause (cependant il y a 127 équipes féminines et 203 équipes masculines classées, les proportions jouent ici en faveur des femmes). Mais ce rappel me gêne aux entournures, car il prive les footballeuses de toute mesure objective de leurs performances.
Indépendamment des résultats, on pourrait envisager que les recettes engrangées par les Fédérations Nationales soient investies d'égale manière pour les Equipes féminines et masculines. Et réclamer, du côté de la FIFA, que les récompenses attribuées soient les mêmes pour les deux compétitions. Cela me semble une évidence, mais le passage à l'égalité des dotations dans le tennis, par exemple, fait toujours grincer des dents au prétexte que les matchs féminins sont moins longs et moins spectaculaires. Argument caduque quand on sait qu'un sprinter empochera plus qu'un triathlète, et la notion de spectacle est tout de même subjective. Il y a des gens qui suivent des Grand Prix de Formule 1, moi je suis capable de regarder un marathon en entier: chacun son délire.
On revient toujours à ce qui apporte de l'argent dans le sport: le public qu'il attire. Sur ce point, ma position ne change pas: le public, il faut oser lui proposer de nouvelles choses. Et ce serait idéalement le travail de la Fédération Canadienne de travailler à une couverture médiatique similaire à toutes ses équipes. C'est cela aussi l'égalité de traitement.
Les articles que j'ai trouvé évoquent une attitude très fermée des dirigeants, ce qui est d'autant plus incompréhensible que les Canadiennes ont de grandes chances de briller à a Coupe du Monde. A suivre.
L'équipe féminine Canadienne pendant la coupe Yongchuan.
C'est un "tournoi des Quatre Nations" auquel ont pris part la Suède, la Chine et les USA. Les Canadiennes terminent deuxièmes derrière les USA.
Source
Pour les Anglophones, ce billet écrit par un ancien footballeur explique la situation de manière intéressante.
Les Canadiennes titulaires d'une licence de soccer sont plus de 377 000 en 2008, soit 43% de l'effectif total.