Edit 30/07: oui, je sais, deux belles médailles féminines viennent de tomber (Véronique Mang et Myriam Soumaré en 100m, pour ceux qui habitent sur Mars) mais je pense que cela ne remet pas en cause le constat global, à savoir que le haut niveau a du mal à recruter.
ça y est, les championnats d'Europe de Barcelone ont commencé mardi, je n'ai plus de vie car me voilà scotchée à l'écran tous les soirs. Cependant, les horaires tout méditerranéens des épreuves, imposés par la chaleur, me permettent de faire autre chose. Lu, cet article dans 20 Minutes intitulé "Athlétisme français: où sont les femmes?". OK, force est de constater que les françaises ne brillent pas particulièrement ces dernières années en athlétisme. Nos formidables coureuses de fond, Christelle Daunay et Anne-Cécile Fontaine, ne doivent pas faire oublier le désert relatif des autres disciplines.
Une question de génération? Oui, sans doute, on ne peut pas avoir des pépites tous les ans.
Le haut niveau n'intéresse pas les femmes, tout simplement? Ceci, par contre, me semble trop facile. Un peu comme ce que j'entends depuis des années dans mon domaine: "Les femmes n'aiment pas les sciences et les technologies". Un peu comme ce qu'on entend quand on ose parler de plafond de verre: "Mais les femmes n'aiment pas le pouvoir!". Je suis bien plus d'accord avec l'entraîneur Jean-Pierre Perrin qui affirme: «Si elles ne font pas du haut niveau, c’est parce qu’on ne les intéresse pas au haut niveau». Ce même entraîneur fait également une remarque très pertinente, à savoir que l'entraînement des femmes est une spécialité en soi et que peut-être que l'encadrement n'est pas à la hauteur en ce sens. Voilà qui rejoint certains aspects défendus par Caroline Payot-Podevin, par exemple. Car un entraînement inadapté génère des contre-performances, mais aussi parfois perte de motivation et de confiance, voire des blessures...
Les femmes ont du mal à choisir entre famille et carrière sportive? Elles préfèrent faire des enfants jeunes plutôt que de s'engager à haut niveau? La première est évidente - pour tous, hommes et femmes -. Je ne sais pas si la seconde est vraie, mais si ça l'est, posons-nous les bonnes questions avant d'incriminer seulement les jeunes filles.
Le haut niveau est synonyme de gros sacrifices, et ce pour tout le monde. On admet communément que c'est plus dur pour les femmes, et on s'en plaint, au lieu de chercher à changer ce préjugé purement sociétal.
Car premièrement, à l'âge où les sportives prennent généralement leur retraite elles peuvent encore faire des enfants. Et deuxièmement, les exemples de championnes qui renouent avec le succès après la maternité se multiplient, de Kim Clisjters à Paula Radcliffe... on en parle même sur le site de l'Equipe (sur le blog de Pascal Grégoire-Boutreau).
Quelle est donc cette société encore stéréotypée, où des jeunes filles de 20 ans choisissent de pouponner tout de suite plutôt que de pratiquer à haut niveau un sport qui les passionne et pour lequel elles sont douées? En serait-il ainsi si les sportives étaient davantage reconnues et soutenues?* J'aurais bien aimé que l'article développe cette remarque de l'heptatlonienne Marie Colonvillé: «On n’est pas toujours traité sur le même pied d’égalité.»
*Cette question est pour toi, mon cher ami le sportif de canapé en charentaise, toi qui grommelle devant ta télé et sur Internet que les Français-e-s "n'ont pas la gagne" et "ne se donnent pas les moyens d'y arriver".